Saint-Josse: le BUC Rugby dénonce une hausse des tarifs communaux jugée « insensée »

par | 11 Déc 2025 | Actualité de Bruxelles, Culture & Loisirs à Bruxelles

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Hausse des tarifs sportifs à Saint-Josse : une facture « insensée » pour le BUC Rugby

Le BUC Rugby Saint-Josse a suspendu son entraînement pour protester contre une augmentation brutale des tarifs communaux de mise à disposition des terrains, passant de 811,50 € à jusqu’à 40 000 € par an. Entre impératifs budgétaires et inquiétudes associatives, cette décision ravive la tension politique et suscite de nombreuses questions sur la cohésion sociale au cœur de la commune.

Une augmentation brutale hors norme

Le 5 décembre dernier, le président du BUC Rugby Saint-Josse, David Almer, a reçu une notification l’informant que dès le 10 décembre, le tarif annuel de location du terrain communal grimperait de 811,50 € à un montant compris entre 24 000 € et 40 000 €. « On va passer de 811,50 € à 40 000 €, c’est de la folie », déclare-t-il avec stupéfaction. Sans concertation ni phase de transition, la commune met les clubs devant le fait accompli.

Pour manifester leur mécontentement, les joueurs ont organisé un rassemblement symbolique devant le stade communal et ont décidé de suspendre l’entraînement du mercredi soir. Selon le BUC, ces montants rendent la pratique du rugby incontestablement inaccessible pour une structure amateure, fragilisant l’équilibre financier du club et décourageant ses membres.

Contexte budgétaire sous tutelle

Saint-Josse-ten-Noode est placée depuis plusieurs mois sous tutelle financière régionale, en raison de déséquilibres budgétaires persistants. Le bourgmestre Emir Kir, soutenu par une majorité ECOLO-PS, a voté un budget ambitieux visant un retour à l’équilibre en 2026-2027. Pour y parvenir, la commune a instauré plusieurs mesures d’austérité, dont la suppression de la prime de fin d’année du personnel communal et la suppression des chèques-repas.

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Le déficit à combler et la pression de la tutelle expliquent en partie la sévérité de la hausse tarifaire. Selon la commune, les anciens tarifs sportifs ne couvraient pas les coûts réels de maintenance et d’assurance des installations. Toutefois, la brutalité de l’augmentation et l’absence de concertation ont été dénoncées comme contre-productives, risquant d’affaiblir davantage l’attractivité et la vie associative locale.

Réactions et stratégie du BUC Rugby

Face à cette hausse, le club a choisi d’alerter la population et d’engager un bras de fer avec la commune. David Almer précise : « Notre stratégie est de forcer le dialogue. Nous sommes bien conscients que 811 € est un montant dérisoire, nous sommes prêts à revoir le prix, mais il doit rester raisonnable ». Le BUC a consulté un avocat pour évaluer les recours juridiques possibles, sans exclure un contentieux administratif.

En pratique, le club a adressé une lettre formelle au collège communal, revendiquant une table ronde avec les décideurs. Il souhaite obtenir un calendrier progressif d’augmentation, aligné sur les capacités financières des associations, et des critères de tarification adaptés à la taille et aux ressources de chaque club.

Opposition locale et enjeux démocratiques

Du côté politique, le chef de file PS local, Philippe Boïketé, qualifie cette politique budgétaire de « fuite en avant ». Il accuse le bourgmestre de précipiter les décisions pour sortir au plus vite de la tutelle, sans tenir compte de la réalité du terrain. « Le bourgmestre prend des décisions qui ne seront pas tenables », affirme-t-il, soulignant l’accumulation de mesures impopulaires sans concertation.

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Ces débats posent la question du processus démocratique local : comment articuler exigence de rigueur financière et principe de participation citoyenne ? Plusieurs associations réclament la mise en place d’une commission de suivi incluant élus, personnels communaux et représentants du monde associatif pour garantir la transparence et la légitimité des choix budgétaires.

Conséquences pour le tissu associatif et social

La hausse des tarifs va au-delà du seul BUC Rugby. D’autres clubs, moins médiatisés, risquent de renoncer à leur créneau ou de disparaître faute de moyens. Or, les associations sportives jouent un rôle clé dans la cohésion sociale et la lutte contre l’exclusion, notamment dans une commune à forte diversité culturelle comme Saint-Josse.

Concrètement, la suppression des activités sportives diminue les espaces de socialisation pour les jeunes, accroît le risque d’abandon de la pratique physique et fragilise les bénévoles qui assurent l’encadrement. À terme, cela pourrait engendrer un coût social plus élevé que l’économie budgétaire visée.

Vers un compromis et des pistes de dialogue

Pour sortir de l’impasse, plusieurs pistes sont évoquées : l’instauration d’un tarif dégressif en fonction du nombre d’adhérents, l’octroi de bourses communales pour les clubs en difficulté ou encore le préfinancement d’une partie des travaux de rénovation des infrastructures en contrepartie d’un loyer modéré. Ces formules permettraient de répartir l’effort financier de manière plus équitable et d’assurer un retour à l’équilibre budgétaire plus progressif.

À terme, la réussite de la démarche dépendra de la capacité de la commune à associer les acteurs locaux à l’élaboration des solutions. Un dialogue ouvert pourrait non seulement préserver la vie associative, mais aussi renforcer la confiance entre les autorités communales et leurs administrés. Car, au-delà des chiffres, c’est la vitalité du lien social qui est en jeu à Saint-Josse.

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