Formation à Bruxelles : Elke Van den Brandt invite chaque parti néerlandophone pour des bilatérales

par | 28 Nov 2025 | Actualité de Bruxelles

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À Bruxelles, Elke Van den Brandt mise sur des bilatérales pour relancer les négociations

Face à une impasse politique persistante, la cheffe de file de Groen à Bruxelles, Elke Van den Brandt, propose une série de rencontres individuelles avec les partis néerlandophones pour débloquer la formation du futur gouvernement régional. Cette initiative inédite vise à contourner les tensions interpartisanes, mais suscite déjà des réserves quant à son efficacité réelle.

La stratégie des bilatérales pour contourner l’impasse

Concrètement, Elke Van den Brandt invite successivement chaque parti néerlandophone de la Région bruxelloise, à l’exception du Vlaams Belang, à des discussions en tête-à-tête. L’idée est d’aborder au cas par cas les points de blocage, en prenant en compte les priorités de chacun. Cette méthode tranche avec les grandes tables rondes multilatérales, souvent marquées par des échanges tendus et un dialogue croisé complexe.

En pratique, cette approche permettrait de cerner plus rapidement les exigences spécifiques de chaque formation. La formatrice, forte du statut de Groen comme premier parti néerlandophone à Bruxelles, entend ainsi poser un cadre de négociation plus souple. Elle promet d’enchaîner les bilatérales dans les prochains jours, tout en laissant ouverte la porte à une recomposition de coalitions plus vaste, dès que les lignes auront bougé.

Des réactions contrastées au sein de l’échiquier politique

Aussitôt annoncée, l’initiative a été accueillie diversement. Ecolo a décliné l’invitation formulée précédemment par Georges-Louis Bouchez (MR), dénonçant une forme de précipitation et une absence de conditions claires. De son côté, DéFI se déclare prêt à participer, mais insiste sur la nécessité d’un « cadre respectueux », fustigeant le manque de considération dont il estime avoir fait l’objet jusque-là.

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La francophonie, quant à elle, reste divisée. Le PS, principal parti francophone bruxellois, refuse toujours de s’asseoir à la table tant que subsistent les « propos insultants » attribués au président de l’Open Vld, Frédéric De Gucht. Le MR, enfin, entend élargir l’invitation à toutes les forces « démocratiques », affichant son souhait de ne laisser personne sur la touche, sauf l’extrême droite.

Les failles d’un dialogue en format réduit

Mais cette fragmentation des négociations comporte des risques. D’abord, elle pourrait rallonger la durée du processus en multipliant les rendez-vous successifs sans parvenir à créer des dynamiques collectives. Ensuite, le fait d’exclure la majorité francophone du PS a minima fragilise l’équilibre de toute future coalition, celle-ci devant impérativement rassembler une majorité linguistique et politique.

À terme, les Bruxellois pourraient pâtir de cette phase de valse-hésitation. En l’absence d’un gouvernement pleinement opérationnel, les décisions budgétaires restent en suspens, les investissements dans la mobilité et le logement sont retardés, et les services publics peinent à initier de nouveaux projets. Les autorités en place gèrent les affaires courantes, sans pouvoir engager la région sur des priorités à moyen terme.

Un équilibre linguistique et communautaire sous tension

Bruxelles, capitale bilingue et siège des institutions européennes, est un terrain où la question communautaire est toujours vive. L’exclusion du Vlaams Belang répond à un consensus quasi général, mais l’éviction de la principale formation francophone remet en cause le principe d’équité linguistique. Or, dans la capitale, chaque coalition doit garantir un équilibre solide pour obtenir la confiance à la fois des électeurs francophones et néerlandophones.

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En refusant de participer aux bilatérales avec Bouchez, le PS fait valoir qu’on ne peut négocier dans un climat de « propos blessants ». Toutefois, ses réserves mettent en lumière un paradoxe : sans lui, aucun pacte francophone-néerlandophone ne peut atteindre la majorité nécessaire. Cette tension illustre la difficulté de dépasser les griefs personnels pour construire un projet commun.

Conséquences directes pour les Bruxellois

Au-delà de la bataille politique, ce vide institutionnel a des répercussions concrètes. Les budgets alloués aux transports publics restent en mode pilotage automatique, freinant l’extension des lignes de tram ou la rénovation des infrastructures. Les projets de rénovation urbaine, essentiels pour répondre à la crise du logement, butent sur l’absence de mandataires capables de lancer de nouvelles procédures.

Sur le plan social, les associations signalent un effet négatif sur l’accueil des publics vulnérables. Les financements conditionnels à une nouvelle législature sont gelés, et la prise en charge des sans-abri ou des personnes précarisées tourne au ralenti. De plus, la Région peine à adopter les mesures environnementales promises, comme la piétonnisation ou la protection de la biodiversité urbaine.

Perspectives : vers une issue réaliste ?

Alors que les questions ouvertes restent nombreuses, plusieurs pistes pourraient émerger. D’abord, une médiation externe, issue du monde académique ou associatif, permettrait de désamorcer les tensions personnelles et de fixer un cadre neutre. Ensuite, un calendrier serré, avec un ultimatum clairement posé, contraindrait chaque formation à sortir des postures de blocage.

Enfin, certains acteurs suggèrent d’expérimenter une mini-coalition d’urgence, chargée uniquement du vote du budget et du lancement des projets prioritaires, avant de négocier le programme complet. Cette formule pragmatique offrirait une bouffée d’oxygène administrative sans résoudre immédiatement toutes les divergences politiques.

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En définitive, la méthode des bilatérales d’Elke Van den Brandt constitue un pari audacieux. Si elle parvient à établir un dialogue personnalisé, elle pourrait injecter une dynamique nouvelle dans des négociations enlisement. À l’inverse, si le PS et d’autres alliés clés persistent à boycotter cette approche, le blocage perdurera, et les Bruxellois resteront en attente d’un gouvernement capable d’affronter les défis majeurs de la capitale.

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