Bruxelles: la crèche de la Grand-Place taguée « Free Palestine »

par | 8 Déc 2025 | Actualité de Bruxelles

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Un slogan « Free Palestine » sur la crèche de la Grand-Place : nouvelle polémique à Bruxelles

Dans la nuit de samedi, des graffitis pro-palestiniens ont été tracés sur la crèche de Noël installée sur la Grand-Place de Bruxelles. Ce nouvel acte de vandalisme s’ajoute à une série d’incidents et relance le débat sur la place de l’art, de la religion et du politique dans l’espace public festif de la capitale.

Un acte revendicatif sur un symbole festif

Samedi soir, des inconnus ont tagué le slogan « Free Palestine » sur la bâche blanche entourant la crèche de la Grand-Place, cœur des Plaisirs d’Hiver depuis début décembre 2025. Rapidement, les équipes de Brussels Major Events ont fait effacer le message et la police bruxelloise a dressé un procès-verbal. En moins d’un an, cette crèche a déjà été la cible d’actes similaires : le vol de la tête du petit Jésus, des jets de peinture et des critiques virulentes. Concrètement, les services de sécurité municipaux ont déployé des agents supplémentaires et installé des caméras temporaires autour de la scène pour prévenir de nouveaux incidents.

Une crèche entre tradition chrétienne et modernité sociale

Inaugurée au lancement des Plaisirs d’Hiver 2025, cette crèche rompt avec les figurines classiques : chaque personnage arbore un visage façonné dans un tissu bariolé. Derrière ce parti pris artistique, l’objectif était de sensibiliser les passants à la précarité : environ 9 000 personnes dorment à la rue à Bruxelles, dont plusieurs dizaines d’enfants. « Nous voulions rappeler à Noël la réalité de ceux qui sont exclus, parfois sous nos fenêtres », expliquait Benoît Lobet, doyen de Bruxelles-Centre. Avec ce traitement contemporain, la Ville entendait mêler tradition religieuse et engagement social, mais l’originalité esthétique a cristallisé incompréhensions et refus.

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Polémiques politiques et soutien ecclésial

Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, n’a pas hésité à railler les scènes colorées en les comparant à des « zombies ». Pour plusieurs responsables politiques, l’installation dénature la Nativité et porte atteinte à un symbole chrétien sacré. À l’inverse, l’Église locale a validé ce projet, soulignant son alignement avec les valeurs de solidarité. Le doyen Benoît Lobet a rappelé que l’initiative visait avant tout à porter la voix des plus fragiles. Cette fracture entre acteurs politiques et religieux reflète plus largement le dilemme belge sur la laïcité, l’indépendance artistique et la place du religieux dans l’espace public.

Sécurité urbaine et protection des œuvres publiques

À la suite du tag, la Ville de Bruxelles a renforcé dès lundi dernier la surveillance autour de la crèche : patrouilles accrues, barrières amovibles et éclairage nocturne renforcé. Ces mesures étaient déjà partiellement mises en place après le vol de la tête de Jésus au début du mois. En pratique, leur efficacité reste limitée face à la détermination de petits groupes vandales, souvent masqués. Le bourgmestre Philippe Close a appelé au « calme » et souligné l’importance de garantir la libre circulation tout en protégeant les installations artistiques et culturelles. À terme, la question du coût de ces garde-fous devra être débattue par le conseil communal.

Entrer dans le débat : art, politique et espace public

Au-delà de l’incident, c’est le rôle même de l’art public qui est mis en question. Dois-entretenir une esthétisation festive ou proposer un message politique et solidaire ? Pour certains experts, la crèche bruxelloise illustre la « fossilisation » de la tradition, comme le souligne Caroline Sägesser du CRISP. D’autres y voient un laboratoire d’appropriation citoyenne, permettant de faire résonner la voix des exclus. Mais l’insertion d’un slogan géopolitique dans un décor de Noël interroge : où commence l’expression citoyenne et où finit la récupération politique ?

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Questions ouvertes et perspectives

Plusieurs interrogations demeurent : qui sont précisément les auteurs de ces tags pro-palestiniens ? Leur action vise-t-elle à soutenir une cause humanitaire ou à provoquer une surenchère politique locale ? La collaboration entre la Ville et l’Église suffit-elle à légitimer un tel détournement du symbole religieux ? Enfin, l’ajout régulier de messages et de critiques ne risque-t-il pas de noyer le message social initial sur l’exclusion ? À quelques jours de Noël, la crise de la crèche de la Grand-Place témoigne avant tout d’une ville divisée, où art, foi et politique se confrontent en pleine lumière.

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