Perturbations à la STIB ce vendredi matin : les bus à l’arrêt, les métros roulent et certains trams circulent à fréquence réduite

par | 11 Déc 2025 | Actualité de Bruxelles

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Paralysie partielle du réseau STIB : bus à l’arrêt, trams réduits, métro sauve la mise

Ce vendredi, le réseau de transport bruxellois est à nouveau secoué par un mouvement de grève lancé par la CGSP. Les bus sont à l’arrêt, seuls le métro et quelques lignes de tram circulent à fréquence réduite pour protester contre la fermeture envisagée des restaurants d’entreprise. Au cœur du conflit, la défense d’un avantage social historique s’oppose aux impératifs de rigueur budgétaire de l’opérateur public.

Un vendredi noir pour les bus et trams bruxellois

Aux premières heures de la journée, les dépôts de bus et de tram ont été bloqués par des militants syndicaux, empêchant la sortie des véhicules. Résultat : l’ensemble des lignes de bus reste cloué au sol, alors que seules les six lignes de tram 4, 7, 9, 10, 39 et 51 tentent de circuler à fréquence très réduite. En parallèle, le métro poursuit son exploitation normalement, offrant une bouée de secours à quelque 2 millions de voyageurs quotidiens. Concrètement, les usagers doivent désormais se rabattre sur ces lignes de métro, générant un engorgement des rames aux heures de pointe et un étalement du temps de trajet.

Des restaurants d’entreprise menacés et un syndicat en première ligne

À l’origine de ce bras de fer social : le projet de fermeture des restaurants d’entreprise de la STIB, annoncé par la direction dans un contexte de contraintes budgétaires. La CGSP, syndicat socialiste historique dans le secteur public belge, estime que ces cantines subventionnées constituent un avantage indispensable, notamment pour les salariés aux faibles revenus. Elle exige en compensation une revalorisation significative de la valeur des chèques-repas. Selon le communiqué officiel, « La CGSP proteste contre la fermeture envisagée des restaurants d’entreprise et demande une augmentation de la valeur des chèques-repas ». Cette demande vise à préserver le pouvoir d’achat et les conditions de travail d’environ 5 000 agents de la STIB.

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Restaurants d’entreprise : entre tradition sociale et contraintes budgétaires

Historiquement, les restaurants d’entreprise de la STIB représentaient un atout social majeur : repas à tarif réduit, pause conviviale et lien entre collègues. Pour l’opérateur bruxellois, ces cantines génèrent un coût de fonctionnement estimé à plusieurs millions d’euros par an. Dans un contexte où les subventions publiques sont scrutées à la loupe, la direction cherche à réaliser des économies en externalisant ou supprimant ces services internes. En Europe, cette tendance à la fermeture des cantines d’entreprise est largement observée, remplacée par des solutions hybrides telles que les chèques-repas, la restauration mutualisée ou même le télétravail. Pour la STIB, l’enjeu est de réduire ses charges sans faire exploser la facture globale des titres de transport.

Les usagers, premiers spectateurs impuissants

Concrètement, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui subissent chaque heure la paralysie des bus et trams. Étudiants, travailleurs précaires et seniors voient leurs trajets rallongés, parfois sans issue alternative hors du réseau STIB. Les commerçants situés près des arrêts impactés redoutent une baisse de fréquentation, tandis que les taxis et VTC profitent de l’aubaine pour augmenter leurs tarifs aux heures de pointe. En pratique, un déplacement qui prend habituellement vingt minutes peut désormais dépasser l’heure. À terme, la multiplication de ces mouvements de grève pourrait éroder la confiance des usagers envers la fiabilité du service public de transport.

Vers un modèle de compromis ?

Face à l’escalade des tensions, plusieurs pistes de compromis émergent. D’abord, une augmentation modérée des chèques-repas permettrait de compenser partiellement la perte du service de cantine, tout en maîtrisant l’impact financier pour la STIB. Ensuite, la mise en place de partenariats avec des restaurateurs et commerces locaux offrirait une restauration à tarif négocié, préservant le caractère social de l’avantage. Enfin, la création de restaurants pop-up ou de food trucks à proximité des dépôts offrirait une alternative flexible. En Scandinavie, certaines compagnies de transport ont déjà opté pour de tels modèles, combinant externalisation partielle et subventions ciblées.

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Des grèves récurrentes qui questionnent le dialogue social

Ce nouvel épisode s’inscrit dans une série de mouvements sociaux à la STIB, où tensions et négociations se succèdent. En 2024, le réseau a déjà cumulé 95 heures d’interruption de métro en raison d’intrusions sur les voies et d’actions syndicales. Chaque conflit met en lumière la difficulté de concilier les aspirations des agents et les exigences de performance financière. À terme, la pérennité du dialogue social dépendra de la capacité de la direction et des syndicats à élaborer ensemble un cadre stable, intégrant à la fois la soutenabilité économique et la qualité de vie au travail. Sans compromis durable, les grèves à répétition continueront de fragiliser le service public et l’image de la STIB auprès des Brusseleirs.

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