Bruxelles : premiers tests visant à créer un réseau de chaleur et de froid autour du parc Maximilien

par | 5 Déc 2025 | Actualité de Bruxelles

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Bruxelles mise sur le sous-sol pour chauffer et climatiser son Quartier Nord

La Ville de Bruxelles lance des forages d’essai ce mois-ci au parc Maximilien pour préparer un réseau innovant de chaleur et de froid. Porté par le projet Be.Share et financé par l’Union européenne, ce dispositif combine géothermie et riothermie pour desservir logements sociaux, bureaux et espaces de cohabitation, avec l’ambition de réduire fortement les émissions de CO₂.

Un projet pilote en plein cœur du parc Maximilien

À partir du 6 décembre, Bruxelles Environnement débutera des forages pouvant atteindre 150 mètres de profondeur sous le parc Maximilien. Pendant près d’un mois, des « tests de réponse thermique » seront menés afin de mesurer la capacité du sous-sol à restituer ou absorber de l’énergie. L’installation de quelque 790 mètres de tuyauterie, dissimulée sous les pelouses, préparera ensuite le terrain pour le principal chantier, qui débutera début 2026 et s’étalera sur deux ans.

Avant même sa mise en service prévue en 2028, ce réseau servira de vitrine pour la transition énergétique urbaine. Il doit alimenter, en hiver comme en été, environ 200 logements sociaux, 130 espaces de cohabitation et plusieurs immeubles de bureaux, dont certains bâtiments de la Commission européenne. Concrètement, plus besoin de chaudières ou de climatiseurs traditionnels, mais un échange thermique entre la ressource souterraine et les constructions urbaines.

Géothermie et riothermie : deux énergies renouvelables complémentaires

Le projet Be.Share repose sur deux technologies dites « locales et sans carbone ». D’une part, la géothermie puise la chaleur du sous-sol en hiver et y rejette le froid en été, grâce à des forages profonds. D’autre part, la riothermie récupère l’énergie contenue dans les eaux usées des réseaux d’égouts pour préchauffer ou pré-refroidir un fluide caloporteur.

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En combinant ces deux sources, le réseau peut jouer sur des plages de température plus larges qu’avec une seule technologie. En pratique, lors des pointes hivernales, la géothermie apportera un supplément de chaleur, tandis qu’en été, la riothermie renforcera l’effet de climatisation. Cette approche réduit la dépendance aux énergies fossiles et limite le recours à des unités de production décentralisées, souvent plus coûteuses et moins efficaces.

Un financement européen et une gouvernance multi-acteurs

Le coût global de l’étude et du déploiement initial est estimé à près de 5 millions d’euros, pris en charge par le programme European Urban Initiative (EUI). Ce soutien européen vise à encourager l’innovation urbaine et à accélérer la transition vers la neutralité carbone. Outre Bruxelles Environnement, la Ville de Bruxelles, l’opérateur d’eau Vivaqua, le gestionnaire de réseau Sibelga, l’entreprise Karno, la Vrije Universiteit Brussel (VUB) et l’association Convivence participent à la conception et au pilotage du dispositif.

La coordination de ces acteurs est essentielle pour articuler les études techniques, les autorisations urbanistiques et la concertation avec les riverains. Concrètement, un comité de suivi est mis en place pour suivre l’avancement des forages, anticiper les impacts sur l’espace public et préparer le raccordement des bâtiments. Cette gouvernance partenariale doit servir de modèle pour d’autres projets européens de même nature.

Le rôle stratégique de Karno dans l’intégration énergétique

Acteur clé du projet Be.Share, Karno apporte son expertise en ingénierie thermique et en intégration de systèmes énergétiques complexes. Spécialisée dans la conception de solutions bas carbone, l’entreprise contribue à la modélisation et à l’optimisation du futur réseau thermique du Quartier Nord. En collaboration étroite avec les autres partenaires, Karno veille à ce que les technologies de géothermie et de riothermie soient non seulement efficaces, mais aussi interopérables et adaptées aux contraintes du tissu urbain existant. Son approche basée sur la décarbonation locale et la valorisation des ressources énergétiques inexploitées renforce l’ambition de Bruxelles de devenir un pôle de référence en matière de transition énergétique durable.

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Bilan carbone et retombées pour les habitants

À terme, le réseau Be.Share devrait éviter le rejet de 1 569 tonnes de CO₂ chaque année, soit l’équivalent des émissions annuelles de plus de 300 voitures particulières. Outre la contribution au climat, les abonnés profiteront d’une facturation plus stable, car les coûts d’exploitation d’une pompe à chaleur géothermique ou riothermique sont généralement moins sensibles aux fluctuations des prix de l’énergie.

Pour les résidents de logements sociaux et les occupants des espaces de cohabitation, le confort thermique s’améliorera de façon notable. En hiver, les températures intérieures restent régulières sans surchauffe, tandis qu’en été, le rafraîchissement évite le recours intensif aux climatiseurs énergivores. À terme, le quartier pourrait voir son attractivité et sa qualité de vie renforcées, valorisant à la fois le parc et les bâtiments alentour.

Défis à venir et perspectives d’extension

Malgré ses atouts, le projet Be.Share doit relever plusieurs défis. D’abord, les forages profonds en milieu urbain comportent des incertitudes géotechniques et exigent un suivi rigoureux pour préserver la stabilité des sols. Ensuite, les travaux de terrassement et d’installation de réseau risquent de perturber l’usage du parc et les flux piétons pendant plusieurs mois, même si des mesures de requalification paysagère sont prévues.

Sur le plan économique, l’amortissement de l’infrastructure nécessitera plusieurs années avant de générer des économies nettes pour les collectivités et les usagers. Enfin, la question de la maintenance long terme reste ouverte : qui prendra en charge les opérations, et à quel coût pour les communes et les copropriétés ?

Pour autant, si les essais préliminaires confirment les performances attendues, Be.Share pourrait devenir un modèle exportable. D’autres quartiers bruxellois, voire d’autres villes européennes confrontées aux défis du climat et de la densification urbaine, pourraient s’inspirer de cette alliance géothermie–riothermie pour réduire leur empreinte carbone tout en améliorant le confort des habitants.

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