Braquage à main armée dans une bijouterie bruxelloise : nouvelles inquiétudes à Berchem-Sainte-Agathe
Jeudi vers 11 h, la bijouterie « Le Comptoir de l’Or » située avenue Charles-Quint à Berchem-Sainte-Agathe a fait l’objet d’un braquage à main armée. Un employé a été blessé et hospitalisé, sans que son pronostic vital soit engagé. Cet épisode relance la question de la sécurité des commerces spécialisés dans les métaux précieux à Bruxelles et interroge l’efficacité des dispositifs de prévention et de protection.
Le déroulement précis du braquage
Selon la zone de police Bruxelles-Ouest, deux malfaiteurs casqués et armés sont arrivés en scooter devant la devanture de la bijouterie peu avant 11 h. Concrètement, l’un d’eux a forcé l’accès, tandis que l’autre assurait la surveillance à l’extérieur. À l’intérieur, ils ont menacé le personnel avant d’emporter bijoux et espèces. « Deux malfaiteurs ont pris la fuite en scooter avec des bijoux et de l’argent », a précisé Arjen Van Humbeeck, porte-parole de la police. Lors de l’intervention, un employé a été blessé. Transporté à l’hôpital, il a reçu des soins sans que son état inspire d’inquiétude majeure.
Les témoins relatent une scène brève mais brutale, où la rapidité de l’attaque a pris de cours le personnel. La fuite sur deux-roues rappelle une méthode devenue récurrente : les deux-roues facilitent l’évasion rapide dans le trafic urbain et compliquent la tâche des forces de l’ordre pour identifier les auteurs.
Le Comptoir de l’Or, une enseigne à haut risque
Le Comptoir de l’Or est une entreprise familiale active depuis plusieurs décennies dans l’achat et la vente de métaux précieux, de bijoux et de devises. Avec plus de 175 agences réparties en Belgique et à l’étranger, elle gère un flux important de marchandises de grande valeur. Ces flux attirent systématiquement l’attention de réseaux criminels spécialisés. En pratique, le commerce de l’or et des devises implique des mouvements d’espèces lourds et des réserves de pierres précieuses aisément négociables sur le marché noir.
À terme, la concentration de stocks de bijoux en un même point vulnérable renforce la tentation pour les braqueurs professionnels. Par ailleurs, la notoriété de l’enseigne peut parfois jouer en faveur des malfaiteurs, qui savent que la valeur moyenne d’un butin dépasse celle d’autres commerces.
Une montée des atteintes aux commerces de bijoux à Bruxelles
Berchem-Sainte-Agathe, commune résidentielle et commerçante de la région bruxelloise, n’est pas un cas isolé. Les statistiques de la zone de police Bruxelles-Ouest font état d’une hausse des braquages de bijouteries et de cambriolages ciblant des enseignes spécialisées depuis plusieurs mois. Entre 2024 et 2025, on recense plus d’une dizaine de coups similaires dans la capitale, souvent caractérisés par l’usage d’armes et la fuite en deux-roues.
Cet accroissement résulte en partie de la hausse des cours de l’or et des difficultés économiques post-pandémie, qui intensifient la demande sur le marché parallèle. Cependant, la répétition des faits interroge aussi sur l’absence de coordination suffisante entre commerçants, forces de l’ordre et autorités locales pour anticiper et prévenir ces attaques.
Dispositifs de sécurité et défis opérationnels
Face à cette menace, les bijoutiers multiplient les mesures : vitrines renforcées, caméras haute définition, alarmes silencieuses et parfois gardiennage. Mais ces dispositifs ont un coût non négligeable, surtout pour les petites succursales. « Le surcoût lié au blindage des locaux et à la vidéosurveillance pèse lourd sur la trésorerie », reconnaît un commerçant du secteur.
Concrètement, la police locale a renforcé ses patrouilles dans les zones commerciales et mis en place un système de remontée d’alertes temps réel entre établissements. Cependant, la densité du trafic bruxellois et le maillage urbain très ouvert rendent l’interception délicate dès lors que les braqueurs utilisent des axes secondaires pour s’échapper.
Enjeux judiciaires et perspectives pour l’enquête
L’enquête, toujours en cours, s’appuie sur les images de vidéosurveillance et les témoignages des employés. Les enquêteurs cherchent notamment à retracer le parcours du scooter utilisé pour la fuite, un indice souvent déterminant pour remonter la filière. Pour l’heure, aucune interpellation n’a été annoncée.
Au-delà de l’arrestation des auteurs, se pose la question de la revente des bijoux volés. Les filières de négoce clandestin, tant locales qu’internationales, restent difficiles à démanteler. À terme, la collaboration avec des autorités frontalières et la constitution d’une base de données des objets volés pourraient limiter la circulation de ces biens, mais ce travail de longue haleine nécessite des moyens humains et techniques renforcés.
Quelles réponses à moyen et long terme ?
Le braquage de Berchem-Sainte-Agathe souligne la nécessité d’une stratégie globale. D’un côté, il faut soutenir les commerçants dans l’installation de dispositifs de sécurité dissuasifs. De l’autre, il faut optimiser la coordination entre forces de l’ordre de Bruxelles-Ouest et polices de communes voisines pour couper les voies de fuite. Enfin, la sensibilisation du public et des employés aux gestes de protection et de communication en situation de crise peut limiter le nombre de blessés lors de ces attaques.
À terme, l’aspiration est de conjuguer prévention, répression et résilience des entreprises pour réduire la récidive et rassurer les habitants. Cette ambition passe par des financements ciblés, une formation dédiée des agents de police et un partage d’informations au niveau régional, afin que chaque commerce de bijoux à Bruxelles puisse bénéficier d’un filet de sécurité adapté à la valeur qu’il déplace.


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