Budget 2026 de Schaerbeek: 60 millions d’investissements prévus

par | 27 Nov 2025 | Actualité de Bruxelles

Rate this post

Budget 2026 à Schaerbeek : entre investissements ambitieux et recours renouvelé aux réserves

En adoptant son budget 2026, la commune de Schaerbeek affiche 60 M€ d’investissements tout en puisant dans ses réserves pour combler un déficit structurel. Ce choix illustre la double contrainte qui pèse sur les communes bruxelloises : répondre aux besoins croissants en infrastructures et services sociaux sans compromettre l’équilibre financier.

Un budget inscrit dans une trajectoire pluriannuelle

Schaerbeek a approuvé mercredi son budget 2026 à l’unanimité de la majorité MR-PS-Ecolo/Groen-LB, conformément au plan de gestion 2025-2027 élaboré par la majorité municipale. L’objectif fixé est clair : atteindre l’équilibre budgétaire en 2027, après une année de transition marquée par les douzièmes provisoires. Selon Vincent Vanhalewyn, premier échevin en charge du Budget, la commune ne connaîtra pas d’interruption de ses finances publiques dès le 1er janvier 2026, renforçant la crédibilité de la trajectoire financière. Le vote en commission budgétaire s’est déroulé sans incident majeur, illustrant la cohésion au sein de la majorité. Cependant, la trajectoire repose sur des hypothèses serrées : croissance modérée des recettes fiscales, maîtrise des dépenses de fonctionnement et utilisation, une nouvelle fois, des réserves accumulées.

Investissements ciblés pour l’espace public et la petite enfance

Sur les 60 millions d’euros programmés en 2026, trois projets phares concentrent plus de 15 millions d’euros : 6,5 millions pour la construction d’une nouvelle crèche, 1,5 million pour le plan trottoirs et 1,2 million pour la rénovation de la piste d’athlétisme du Terdelt. Concrètement, la crèche vise à répondre à la demande grandissante de places d’accueil pour les moins de trois ans, taux de satisfaction actuellement inférieur à la moyenne bruxelloise. Le plan trottoirs, de son côté, doit améliorer l’accessibilité et la sécurité des piétons dans un tissu urbain densément peuplé. Enfin, le renouvellement de la piste d’athlétisme témoigne d’une volonté de promouvoir le sport local et les pratiques associatives. Ce programme d’investissements a été élaboré après consultation des quartiers dans le cadre d’un vaste processus participatif. Ces investissements inscrivent la politique communale dans une logique de qualité de vie et d’attractivité, tout en répondant aux attentes exprimées par les riverains et associations de quartier.

Lire aussi :  Bruxelles : premiers tests visant à créer un réseau de chaleur et de froid autour du parc Maximilien

Le CPAS sous tension et l’ajustement fiscal

Le budget 2026 prévoit une enveloppe de 17 millions d’euros supplémentaires pour le CPAS afin de faire face à l’augmentation du nombre de personnes exclues du chômage et sans autres ressources. En pratique, cette hausse traduit l’impact des réformes fédérales de l’assurance-chômage qui repoussent certains bénéficiaires en dehors du système de protection sociale. Si, pour l’instant, ce surcoût n’a pas érodé davantage les finances communales, Vanhalewyn a averti qu’une nouvelle injection de fonds pourrait s’avérer nécessaire avant la fin 2026. Parallèlement, la fiscalité locale subira une légère augmentation, compensée partiellement par la non-remplacement de certains départs à la pension. Mais ces mesures d’économie sur le personnel risquent de peser sur la qualité des services, notamment dans la police locale et les services administratifs. La question du recrutement de personnel qualifié, notamment dans la police locale, reste entière. À terme, l’enjeu sera de maintenir un équilibre entre solidarité et efficacité des services publics.

Réserves et pérennité financière : un levier temporaire ?

Comme les années précédentes, Schaerbeek recourt à ses réserves pour combler le déficit de 2026, un procédé qui permet d’éviter les reports de charges mais qui use le « matelas » financier communal. Les réserves, constituées lors d’exercices bénéficiaires antérieurs, sont un filet de sécurité apprécié des gestionnaires, mais leur utilisation répétée interroge sur la durabilité du modèle. En zone urbaine dense, où la pression démographique et les besoins en infrastructures sont constants, il devient périlleux de compter indéfiniment sur ces liquidités. Les communes voisines, comme Saint-Gilles ou Ixelles, adoptent des mécanismes comparables, ce qui montre une tendance structurelle à Bruxelles. En l’absence d’une augmentation significative des dotations régionales ou fédérales, les communes pourraient être contraintes, à moyen terme, de revoir leur politique d’investissement ou de faire peser un fardeau plus lourd sur les contribuables locaux. Les élus envisagent aussi de développer la mutualisation de services entre communes voisines.

Lire aussi :  Crise politique dans la Région bruxelloise : voici la chronologie du record mondial sans gouvernement de plein exercice

Perspectives et défis pour la gouvernance locale

À l’échelle de la Région bruxelloise, les budgets communaux ne sont pas isolés : la stabilité politique et la répartition des compétences entre niveaux de pouvoir influencent directement les marges de manœuvre budgétaires. L’alliance MR-PS-Ecolo/Groen-LB à Schaerbeek est l’une des rares majorités à regrouper cinq familles politiques, ce qui facilite en principe la passation rapide des décisions. Mais cette pluralité peut aussi engendrer des arbitrages douloureux lorsque les voix divergent sur les priorités à financer. Dans les mois qui viennent, les élus devront surveiller de près l’évolution des indicateurs économiques et sociaux (inflation, chômage, demandes de subsides) pour ajuster leur cap. Les élus de Schaerbeek suivent par ailleurs les expérimentations de coopérations budgétaires à Forest et Anderlecht. Enfin, le renouvellement des mandats en 2024 et la composition d’un nouveau gouvernement bruxellois pourraient redistribuer les cartes de la coopération intercommunale, notamment sur la question du financement des CPAS et de la gestion des infrastructures partagées.

Point de vue de l’opposition et des acteurs locaux

Les débats autour du budget 2026 ne se sont pas limités à la majorité municipale. L’opposition, notamment les élus du PTB et du parti Défi, a dénoncé le « recours excessif aux réserves » et jugé la hausse de la fiscalité trop prudente pour assumer pleinement les besoins sociaux. Certains conseillers ont insisté sur la nécessité d’une stratégie de fonds structurelle, sans sacrifier la qualité des services publics, tandis que des associations de riverains ont salué les investissements dans les trottoirs mais regretté l’absence de projets pour les espaces verts ou la rénovation de logements sociaux. Au final, la majorité a défendu un compromis jugé « réaliste » face à un contexte économique incertain, mais les clans politiques gardent un œil vigilant sur l’exécution du budget.

Lire aussi :  Molenbeek: Mohammed Kalandar et Khalil Boufraquech se partageront l’échevinat de l’action sociale

0 commentaires

Articles Connexes