Molenbeek: Mohammed Kalandar et Khalil Boufraquech se partageront l’échevinat de l’action sociale

par | 4 Déc 2025 | Actualité de Bruxelles

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Partage inédit de l’échevinat social à Molenbeek : pragmatisme ou aveu d’échec ?

Pour apaiser les tensions internes au PS bruxellois, le mandat d’échevin de l’Action sociale et des Sports à Molenbeek sera divisé entre Mohammed Kalandar et Khalil Bouf­raquech. Cette solution de compromis, validée par la commission nationale de vigilance du parti, revient sur une série de dysfonctionnements procéduraux et de scandales qui ont fragilisé la section socialiste locale.

Un compromis en pleine mandature

Concrètement, la Fédération bruxelloise du PS a décidé que Mohammed Kalandar occupera l’échevinat jusque fin juin 2028, date à laquelle Khalil Bouf­raquech, désigné il y a près d’un an, prendra le relais jusqu’au terme de la mandature. L’objectif affiché est clairement « de pacifier les relations internes », selon le bureau du parti. En pratique, cet « échelonnement » du mandat est rare et témoigne d’une volonté de préserver la stabilité communale sans déclencher de nouvelle crise politique.

Pour le conseiller communal Boufraquech, ce report de 18 mois constitue « un choix par sens des responsabilités, fidèle aux valeurs de loyauté et de respect des institutions du Parti ». Quant à Kalandar, il conserve un rôle tout en voyant sa fin de mandat reportée à une échéance précise, évitant ainsi de raviver publiquement les dissensions.

Des procédures sous haute tension

La genèse de ce partage repose sur l’annulation, en mars 2025, de la désignation de Mohammed Kalandar par la commission nationale de vigilance du PS. Celle-ci avait pointé plusieurs vices de procédure : absence de seconde convocation légale pour un éventuel second tour, corps électoral mal défini, ainsi qu’une convocation irrégulière des conseillers communaux. Pire encore, Kalandar, ayant déjà exercé la fonction, aurait dû démissionner de lui-même avant toute nouvelle nomination, ce qu’il n’a pas fait.

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Cette exhibition des carences administratives rappelle les règles strictes qui régissent la désignation des échevins en Belgique. À Molenbeek, le non-respect de ces dispositions a conduit à une crise interne majeure, contraignant la section socialiste à trouver un arrangement exceptionnel afin d’éviter un nouveau vote orageux au conseil communal.

Du scandale Akki à l’affaire Kalandar

Avant l’arrivée de Kalandar, c’était Yassine Akki qui détenait l’échevinat social. Mais la révélation d’une ancienne condamnation, pour le viol d’une mineure il y a plus de 20 ans, avait contraint le PS à l’écarter de ses fonctions en 2024. Dans la foulée, Mohammed Kalandar avait été désigné comme successeur, avant que la procédure ne s’enlise.

Au-delà des vices de forme, la personnalité de Kalandar avait déjà suscité une vive polémique : des posts extrémistes attribués à son compte sur les réseaux sociaux avaient entraîné le dépôt d’une plainte devant la commission régionale de vigilance. Bien qu’il nie toute appartenance à un mouvement islamiste, ces publications ont mis en lumière le manque de contrôle sur les antécédents numériques des candidats, renforçant l’impression d’un parti parfois démuni face à ses propres dissensions.

Enjeux de légitimité et défi de transparence

Le PS a donc fait le pari du compromis pour retenir deux objectifs : assurer la continuité du service public social à Molenbeek, et préserver son image en interne. Pour ses partisans, cette solution permet d’éviter un remaniement brutal en cours de mandat et garantit un passage de témoin ordonné. Elle témoigne aussi d’une culture du consensus, où l’intérêt communal prime sur l’ego politique.

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Cependant, certains dénoncent un aveu d’échec : un parti qui reconnaît, par ce biais, avoir mal géré la sélection de ses échevins. Les critiques soulignent qu’aucune sanction n’est vraiment appliquée au titre des propos extrémistes, tandis que la procédure elle-même se retrouve désormais sous le feu des projecteurs. La confiance des citoyens—et particulièrement des Molenbeekois—dans leurs élus et dans la transparence du PS est ainsi mise à rude épreuve.

Quelle refonte des mécanismes internes ?

À terme, cette affaire pourrait servir de révélateur des failles organisationnelles et éthiques au sein du PS. Plusieurs questions demeurent : comment améliorer la vérification des antécédents et des prises de position sur les réseaux sociaux ? Quelles garanties offrir pour prévenir les vices de procédure lors des votes au conseil ? Et surtout, comment restaurer la confiance d’une population souvent dubitative face aux manœuvres partisanes ?

Pour certains observateurs, le PS bruxellois devra renforcer le rôle de ses commissions de vigilance et instaurer des règles plus strictes de transparence. D’autres proposent d’ouvrir ces processus à des contrôles externes, voire citoyens, afin d’éviter que de nouveaux épisodes d’opacité ne viennent accabler une commune déjà marquée par plusieurs crises politiques.

Alors que l’échéance de juin 2028 se profile, les regards seront tournés vers Molenbeek pour observer si ce partage d’échevinat, loin d’une succession brutale, permettra vraiment de restaurer la sérénité et la confiance.

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